SCRIPT // Le système pénal peut-il mettre fin aux viols ?
Disclaimer : ce script est publié tel qu’il a été écris avant le tournage de vidéo. Il y a un peu de spontanéité dans la vidéo, il se peut donc qu’il y ait de légères différences. Néanmoins, le propos dans sa globalité reste inchangé.
Le système pénal rassemble principalement la police qui réprime, la justice pénale qui condamne, et l’ensemble des lieux d’enfermements, comme les prisons, les centres de rétentions administrative, les établissements pénitentiaire pour mineurs, etc qui, par définition, enferment.
Le système pénal n’a pas vocation à protéger la population. Ou en tout cas, pas l’ensemble de la population. Il a surtout vocation à protéger l’état et par extension les classes sociales les plus élevées.
Pour comprendre que là où le système pénal excelle le plus, c’est dans la protection des intérêts des bourgeois, il suffit de regarder qui est condamné et pourquoi. On peut aussi observer qui ne l’est pas d’ailleurs.
La majorité des personnes incarcérées sont des hommes issus des classes sociales les plus basses, parmi lesquels sont surreprésentés les hommes non blancs puisque le suprématisme blanc les maintient largement dans la précarité.
20,9% des personnes incarcérées le sont pour vol. 7,4% pour d’autres atteintes à des biens matériels.
C’est ici clairement la propriété privé qui est protégé. Propriété privé qui est particulièrement cher aux personnes qui s’accaparent des ressources et des biens. Il s’agit clairement de protéger les bourgeois des pauvres qui pourraient les exproprier légitimement.
18,2% des personnes incarcérées le sont pour des infractions à la législation des stupéfiants.
Encore une fois, si la vente de stupéfiant n’est évidemment pas exclusivement réalisé à des fins de survie, parfois oui mais pas toujours, ça reste néanmoins un des moyens d’accéder à l’abondance pour des personnes exclues du système méritocrate.
Et seulement 10,7% des personnes incarcérées le sont pour viol ou agression sexuelle. Leur part est souvent surestimée, tout comme celle des personnes ayant commis des homicides, qui sont 9,9% de la population carcérale. Il est à noter, que la lourdeur des peines pour ces crimes impactent ces proportions.
Lorsqu’on parle de la prison, le sujet principale devrait être les personnes incarcérés et l’impact de l’incarcération sur les proches, les familles, les communautés. Dénoncer un système dont l’effet principal est d’enfermer majoritairement des hommes jeunes, racisés et de classes populaires et plus globalement des personnes marginalisées, devrait être suffisant.
C’est parce que je connais les appels du pieds habituels au sujet du viol que, d’une certaine manière, je me suis sentie obligée de faire cette vidéo avant d’aborder d’autres sujets. Mais avant d’expliquer plus en détails pourquoi je pense que le système pénal ne sera pas un outil pour l’émancipation des femmes, il est nécessaire de préciser que l’abolitionnisme carcéral ne vise pas à trouver des alternatives à la prison. Pas vraiment. Le système pénal est un système violent qui perpétue les dynamiques de domination inhérentes à la société. Nous n’en avons pas besoin. Ce dont nous avons besoin, c’est des ressources, du temps et des espaces pour pouvoir gérer les conflits et les drames qui se produisent et d’un accès aux soins médicaux, à un toit, à de la nourriture de qualité garanti. Des outils pour mettre fin à la pauvreté et aux oppressions. Autant d’éléments qui sont l’opposé du système pénal.
Je n’ai pas de solution clef en main, personne n’en a. On ne peut qu’émettre des hypothèses et expérimenter de à très petite échelle. La justice pénale étant un système hégémonique. C’est à dire un système qui ne laisse place à aucune autre alternative.
Si je ne peux pas proposer de solution toute faite, je peux néanmoins assez facilement expliquer en quoi le système pénal est incapable de gérer la question des violences sexistes et sexuelles.
En France, :
« En moyenne, le nombre de femmes agées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de viols et/ou de tentative de viol est estimé à 94 000 femmes. De la même manière que pour les chiffres des violences au sein du couple présentés ci dessus, il s’agit d’une estimation minimale. »
De nombreuses femmes ne peuvent pas porter plainte. Elles peuvent craindre les violences policières, être sans papiers ou travailleuses du sexe, ou même les deux, leur agresseur peut être proche de la police voir même dans la police, etc. D’autres ne souhaitent pas porter plaintes pour diverses raisons que nul n’a le droit de juger. Leur agresseur peut être l’un de leur proche, elles peuvent ne pas avoir confiance en la police pour diverses raisons, avoir connaissance de la violence, de la lenteur et de inefficacité du système, ou encore avoir la certitude de ne pas être entendue, etc.
Finalement :
« Suite aux viols ou tentatives de viol qu’elles ont subi, seules 12% des victimes ont porté plainte (qu’elles aient ensuite maintenu ou retiré cette plainte). »
12% de 94 000, ça représente plus de 10 000 plaintes par an.
Si on s’intéresse au nombre de condamnations, on peut voir sur ce tableau que ce nombre baisse continuellement entre 2007 et 2016, passant de 1652 condamnation pour viol en 2007 à 1003 en 2016.
On peut rapidement conclure que le système actuel est largement défaillant alors qu’il existe un faisceau de dispositifs assez large pour les prendre en charge en théorie.
La peine de base encouru est de 15 ans de prison, mais il existe de nombreuses circonstances aggravantes pouvant faire monter cette peine à 20 ans. Encore une fois, EN THEORIE.
Le système est en lui même totalement irréaliste puisque même s’il n’était pas un outil des dominants et donc plus protecteur du patriarcat que l’inverse, il ne pourrait pas appliquer les peines qu’il prévoit à l’ensemble des viols.
Il y a aujourd’hui environ 60 000 places effectives en prison et un triste record a été battu. (publication de l’oip sur l’écran) 72 809 personnes étaient incarcérées en France le 1er novembre 2022. L’observatoire international des prisons, OIP, indique que 2 225 personnes sont contraintes de dormir sur des matelas à même le sol. Je vous met le compte instagram de l’OIP en description.
https://www.instagram.com/oip_sf/
Rappelons que l’estimation du nombre de viol par an, c’est 94 000. Un estimation minimale et qui ne prend pas en compte les mineur’es.
A mon sens, il est évident qu’on ne peut pas juger les choix des victimes ou survivantes, choisissez le terme qui vous convient, qui souhaitent porter plainte. C’est littéralement la seule option qui est proposé. Néanmoins, la justice pénale comme seule et unique réponse, dans le contexte actuel, c’est un abandon pur et simple des survivantes ou victimes de violences sexistes et sexuelles.
Garder en tête que les seuls chiffres du viols permettent de se rendre compte qu’il est impossible d’incarcérer tous les violeurs. Je n’ai pas pris en compte les agressions sexuelles, ni les violences conjugales entre autres.
Attendre une décision de justice pour croire les victimes ou survivant’es alors que dans près de 99% des cas, il n’y a pas de condamnation ?
Je suppose que nombre d’entre vous sont présentement en train de se dire “bon ok, mais on fait quoi alors ??”.
Je le répète encore une fois, le système pénal est un système qui ne laisse pas de place aux alternatives. S’il est très complexe d’en développer actuellement c’est parce qu’il n’y a aucun espace pour le faire. Autant au sens du lieu que du temps. Il est a supposer que c’est en plus, encore une fois, un travail qui serait assigné aux femmes, au profit des hommes, et probablement sans grande reconnaissance… Ca commence assez mal comme scénario d’émancipation…
Si le système pénal ne peut pas mettre fin aux viols et si je n’ai pas de système clef en main à te proposer, il existe néanmoins des hypothèses, des expérimentations, des théories, etc.
On a parlé pendant plusieurs semaines de la justice transformatrice sur twitch. Un article avec toutes les ressources sur le sujet sera bientôt disponibles.
Mais la justice transformatrice ne peut pas être une réponse à tout, ou en tout cas, il existe d’autres réponses. On en parlera dans de futurs contenus.
De mon coté, je prépare déjà une vidéo qui traitera spécifiquement de certaines choses que l’on peut faire face aux influenceurs accusés de violences sexistes et sexuelles. Mais aussi parallèlement des sujets qui remettront le focus sur la prison sans revenir systématiquement aux questions des violences sexistes et sexuelles.
En attendant la prochaine vidéo, vous pouvez me retrouver sur twitch, twitter, instagram, tik tok et discord… Bref, je suis partout… A bientot !
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